jeudi, juin 19, 2008

A quelque chose malheur est bon !



Sous Haut Patronage

Sur 2M, et bien ailleurs, maintes fois, tout s’éclaire pour les ‘riches’, tout s’obscurcit pour les autres – indigents et « traîne-misère » de plus en plus en surnuméraire-. Je m’explique. Un entrepreneur, lors d’un journal télévisé, se plaint doctement du manque de la main-d’œuvre en tout genre à Tanger, sans qualification professionnelle ni aptitudes linguistiques … Cette litanie, tellement ressassé, frise volontairement la comédie et s’insert davantage dans un type d'apologie d'expédients colportés par une catégorie sociale dont les patrons, majoritaires, sont les porte-voix. C’est là quelque chose de fondamentalement typique ! Retournons l’argument. Combien de patrons marocains rémunèrent à bon escient et rubis sur ongle un demandeur d’emploi qualifié ? Des exceptions près, sans doute. Les indigents et les « traîne-misère » n’ont qu’à croupir toute leur vie avec des salaires de répression. Dans un tel contexte misérabiliste, code du travail et loi de l’offre et de la demande sont retournés comme les doigts d’un gant. Les grilles – comme ceux de Lyssassfa- ont été jusqu’à présent un rempart efficace au syndicalisme et ses revendications, longtemps battu en brèche, puisque la plupart des syndicats établis ont détourné leur attention des travailleurs, syndiqués ou pas. Ils ont négligé les tâches militantes pour consolider leurs ‘acquis’ sur l’échiquier politique. Contraints ou calculateurs, lesté par les accointances partisanes, les syndicalistes sont devenus des bureaucrates… Le reste n’est que parade.

Chacun pour soi, Dieu contre tous

Assez curieusement, c’est autant les politiciens qu’on égratigne – on a déjà tellement vu de phénomènes, incapables ou encore bêtement gavés de servilité- que les patrons. Tel un patron qui, dans élan inquisiteur quotidien, somme ses ouvriers à faire la prière alors qu’ils sont implacablement sous-payés. Et comme, de surcroît, un malheur n’arrive jamais seul, il a l’intention de pousser la facétie jusqu’à installer des haut-parleurs pour prodiguer la parole d’Allah, selon le rite malékite de Assadissa (sic), au grand dam des ouvriers … Dès lors, la religion débitera ses services comme s’il s’agissait de traitements psychiatriques. Faut-il encore plus pour élever l’injustice au rang d’un code moral ???


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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu fais un excellent constat marouki : les patrons au Maroc sont rarement égratignés et interpellés. Ils passent presque inaperçus. Les syndicats, quand ils existaient, ont été toujours plus politiques qu’ouvriers. Bien que les deux sont indissociables rarement l’accent a été mis sur l’arrogance et les privilèges, y compris fiscaux, des patrons marocains. Du coup ils se la collent douce si j’ose dire. Pour eux effectivement à quelque chose malheur est bon, le combat pour la démocratisation et la liberté a rendu leurs excès et privilèges presque invisibles.
Aujourd’hui c’est encore pire puisque comme tu le dis les opposants d’hier sont devenus les patrons d’aujourd’hui (patrons partout sauf patron politique) .
« Jusqu’à ces derniers temps, les enfants prodigues disaient merde à leurs pères et passaient à la gauche, avec armes et bagages ; le révolté, c’était classique, se changeait en militant. Mais si les pères sont à gauche ? Que faire ? »
Jean-Paul Sartre, préface à Aden Arabie, 1960

marouki a dit…

Un patron marocain, soit ne paie pas ses impôts, soit se plaint des vaches maigres et demande l'aumône à l'état... Et quand tout est au beau fixe, les deux atouts à la clé, il demande aux autres de célebrer la misère, à la manière de Goulou el3am zine !!!

Et là vraiment, je généralise pas du tout...